top of page

Notre histoire

     La Révolution française n'a pas été seulement un séisme politique. Elle fut aussi culturelle. Avec la disparition de l'Ancien Régime, certaines pratiques artistiques connurent de profonds bouleversements, et au premier rang la musique, si longtemps liée à la noblesse, au temps où les maîtres recrutaient l'essentiel de leurs élèves dans les salons aristocratiques et vivaient de la bourse des grands seigneurs, ou à défaut de celle des monsieur Jourdain. Les émigrés enfuis, ce fut la Nation qui, pour une part, la prit en charge, créant le premier conservatoire, à Paris, en 1795.

     S'il fallut attendre encore quatre-vingt-dix ans pour que Bayeux eût son école, la création de sa musique municipale se fit bel et bien dans ce grand mouvement de réorganisation qui accompagna la Révolution. Le 15 août 1791, la Garde nationale, mise en place au printemps de l'année précédente conformément à la loi du 15 avril 1790, remet une pétition au conseil de la commune demandant à ce que soit créée une musique spéciale. En vain : sa première audition n'aura lieu que le 28 octobre 1792, place de l'Égalité – l'actuelle place Saint-Patrice – pour fêter les victoires de l'armée de Savoie. Encore s'agit-il d'une organisation bien informelle, des gardes nationaux musiciens s'entendant simplement pour jouer en certaines occasions.

     La naissance officielle de la Musique municipale de Bayeux a finalement lieu le 25 nivôse An VII – le 17 janvier 1798. L'ensemble comprend alors quatorze musiciens choisissant leur chef : ce sont six clarinettes, deux flûtes, deux bassons, deux cors, un cymbalier et une grosse caisse.

   Il semblerait que les débuts aient été quelque peu tumultueux, car la musique est bientôt dissoute – pour négligences diverses – et reconstituée le 29 août 1802. La suite sera plus calme et la musique de Bayeux continuera à exister jusqu'à aujourd'hui, avec pour seule parenthèse la deuxième guerre mondiale et l'occupation.

    Treize chefs se sont succédé de 1810 à nos jours. Le règne le plus long a été celui de M. Perrier, de 1831 à 1867 ; le plus court, celui de son successeur, M. Mériel, de 1867 à 1868. Les anciens de l'orchestre auront connu les chefs René-Albert Baudot, de 1950 à 1980, Daniel Deleye, de 1980 à 1989, Jean-Jacques Lemonnier de 1989 à 2014 et Philippe Favresse depuis 2014.

    Bien du chemin a été parcouru en plus de deux siècles. La Musique municipale, qui avait conservé son nom près de cent quatre-vingts ans, est devenue Philharmonie municipale de Bayeux, en 1979 – quand les violons de l'Union symphonique sont venus rejoindre leurs collègues de l'harmonie – puis Philharmonie de Bayeux, en janvier 1997. Dans le même temps, les quatorze musiciens sont passés à plus de soixante. Mais les liens avec la ville restent les mêmes, et l'enthousiasme n'a pas fléchi.

                                              

     Sylvain Bonnet

bottom of page